samedi 14 avril 2007

Perspectives économiques régionales et "Echec de l'aide au Développement" en Afrique

Un sage africain d'origine guinéenne, Issa Ben Yacine Diallo, ancien diplomate qui a fait une brillante carrière aux Nations Unies où il a été Directeur de cabinet du Sécrétaire Général Javier Perez de Cuellar et Sécrétaire Exécutif de la Commission Economique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) dit de façon pertinente ce qui suit :

"L'avenir de l'Afrique n'est pas prédestiné: il sera ce que les Africains voudront qu'il soit. Il se nourrit d'actes posés aujourd'hui et dépend de leur capacité de réaction aux événements, les questions qu'ils suscitent et les réponses obtenues. Il passe par une démarche prospective, une prise en main de son propre destin et un examen préalable de sa situation et de son évolution possible. Une telle démarche nous enseigne que la roue de l'Histoire tourne sans cesse, avec elle, la bonne et la mauvaise fortune, de telle sorte que rien n'est jamais acquis ou perdu définitivement. C'est à dire que pour l'Afrique, berceau de l'humanité, terre de foi, de culture et de tant de créations éthiques et esthétiques, tous les espoirs sont permis. Il appartient aux Africaines et aux Africaines de faire en sorte que l'avenir soit davantage voulu que subi."

Cette citation est tirée de la quatrième page de couverture de l'ouvrage intitulé "Le Nouvel espace africain et ses fondements" publié en 2005 aux Editions Bruylant de Bruxelles.
Depuis plus de 40 ans qu'ils sont devenus "indépendants de leurs anciennes puissances coloniales", les Etats africains ont toujours lié leur développement à ce qu'on appelle "l'Aide internationale". Cette politique n'a produit aucun développement mais, dans les grands forums internationaux on continue encore d'appeler les pays riches à faire davantage d'efforts et à consacrer au moins 0,7% de leur Produit National brut (PNB) à "l'Aide au développement", objectif qui est loin d'être atteint. D'ailleurs, la part consacrée à cette aide ne fait que diminuer. Selon l'Organisation de Coopération et de Développement Ecomique (OCDE), qui vient de dresser et de rendre public le bilan 2006 de l'aide consacrée par les 23 pays membres de son Comité d'Aide au développment (CAD), l'aide consentie qui ne représente que 0,3% du PNB a baissé de 5,1% entre 2005 et 2006. Seuls quelques pays européens, en particulier le Luxembourg, les Pays Bas et les pays nordiques (Suède, Norvège et Danemark) ont respecté l'objectif fixé par les Nations Unies d'allouer 0,7% du PNB à l'Aide au développement. Quant aux Etats-Unis, même s'ils y ont consacré la plus importante somme (22,7 milliards de dollards dont l'essentiel à l'Irak), leur contrbution a baissé de 20% au cours de la dernière année. La promesse faite par le G8, lors du sommet de Gleneagles en Ecosse en Juillet 2005, de doubler l'aide à l'Afrique d'ici 2010 semble tout simplement oubliée. Aucune augmentation notée en 2006. (Voir le bilan dressé par le CAD de l'OCDE sur ce lien: http://www.oecd.org/document/49/0,2340,fr_2649_201185_38341873_1_1_1_1,00.html
Faudrait-il s'en plaindre ?
Non, absolument pas ! Il est temps de changer les termes de ce débat car ce n'est pas cette aide qui va développer l'Afrique. Il appartient aux gouvernements et aux Etats africains d'élaborer et de mettre en oeuvre de véritables politiques de développement et de redéfinir les rapports qu'ils souhaitent avoir avec les pays dits riches ou développés. Je viens également de lire avec beaucoup d'intérêt un autre rapport élaboré par une Commission d'enquête mise en place par le Sénat du Canada sur le bilan de 40 ans d'aide au Développement(http://www.parl.gc.ca/39/1/parlbus/commbus/senate/com-f/fore-f/rep-f/repafrifeb07-f.pdf). Ses conclusions ne sont nullement des révélations car elles ne font que confirmer ce que tout le monde savait déja. C' est à dire que "Ni les programmes d'aide au développement - lents, mal conçus et dont personne ne rend compte -, ni les institutions d'aide étrangère, y compris l'Agence anadienne de développement international (ACDI), n'ont réussi à améliorer de façon continue la qualité de vie des Africains" et les auteurs notent que "les subventions paralysantes et le protectionnisme du régime de commerce international sont de bons exemples de l'échec de ce qu'on appelle "la communauté internationale".
Toutefois, les auteurs du rapport ont également raison d'ajouter que "la piètre administration publique et le piètre leadership en Afrique même sont de loin les plus grands obstacles à sa croissance et à sa stabilité. Dans bien des cas, la gouvernance des dirigeants africains s’avère inacceptable et pernicieuse. Ce sont les simples citoyens qui en souffrent le plus, même s’ils continuent malgré tout de lutter avec ténacité pour améliorer leur sort."
Ce rapport, fruit d'une longue recherche avec des enquêtes qui ont été menées dans plusieurs pays aussi bien en Amérique du Nord qu'en Europe et en Afrique, d'Ottawa à Prétoria en passant par Washington, Bruxelles, Dakar, Addis Ababa et Nairobi, est très riche. Il jette une nouvelle lumière sur un important sujet de débat pour l'Afrique. Par conséquent, il mérite d'être lu attentivement par "les bailleurs de fonds" mais aussi et surtout par les responsables politiques africains.
Les perspcetives de développement dans le court et moyen terme ne sont pourtant pas aussi mauvaise qu'on pourrait le croire. En effet, le dernier rapport du Fonds Monétaire International sur les Perspectives économiques régionales en Afrique Subsaharienne dresse un tableau optimiste. En 2006 le taux de croissance avoisinait les 5 % aussi et cela même dans les pays importateurs de pétrole qui ont pu conserver quasiment le même taux qu'en 2005, le Zimbabwe étant le seul pays dont le de la région dont le PIB réel a diminué. A l'exception du Zimbabwe, l'inflation a également été maîtrisé soligne le rapport et celamalgrè les difficultés liés à la hausse des cours pétroliers. selon le rapport, si au Zimbabwé, l'inflation a connu une forte hausse atteignat des records de 1000%, dans d'autres pays comme la Guinée, l'Ethiopie, Sao Tomé et Principe, c'est surtout le renchérissement des combustibles et les politiques monétaires expansionnistes qui sont à l'origine des pressions inflationnistes. Le rapport prévoit une forte amélioration de la situation pour 2007. Le taux taux de croissance économique devrait atteindre 6, 75%. Pour plus de détails le rapport est disponible surle lien suivant.

1 commentaire:

El Hadj Soumah a dit…

Cher frère,

C'est un plaisir de partager ton analyse relative à la situation d'ensemble du continent africain. Elle ne se limite pas au simple constat de nos malheurs, contrairement à la plupart des interventions. J'ose espérer, qu'une prise de conscience collective nous conduira vers cet idéal, qui est de peser de tout notre poids, dans les grandes décisions liées à l'évolution de la planète entière. De plus, l'affirmation de notre africanité, la construction de nos grands ensembles, l'ouverture vers les pays émergents, en plus de nos anciens partenaires issus de la colonisation, nous conduiront imanquablement vers le progrès, la paix et le bien-être généralisé. Haro sur les mots/maux et place à l'action.
Bonne continuation.
El Hadj Soumah